avec Frédéric ABECASSIS, maitre de conférences en histoire contemporaine (ENS de Lyon) .
Les archives audio-visuelles conservées par les télévisions de Méditerranée concernant le judaïsme dans l’islam méditerranéen sont contemporaines du conflit israélo-palestinien et des grandes migrations post-coloniales qui ont marqué l’effacement de la présence juive dans le monde arabo-musulman. Elles suggèrent, plus qu’elles ne donnent à voir, l’image d’un monde disparu, présent à travers la seule parole des témoins, des historiens ou des images d’archives.
Le regard porté sur le judaïsme dans ces films est intimement lié à ce contexte. Ce regard est aussi déterminé par l’origine géographique et politique des télévisions qui présentent des reportages en rapport avec le judaïsme ou les relations judéo-musulmanes, et il n’échappe pas aux prismes idéologiques ni parfois aux stéréotypes plaqués sur l’image des juifs au cours de la période coloniale et de celle qui l’a suivie. Les deux séances se situeront de part et d’autre de la rupture des années 1990.“La statue de sel”, présente des documents allant de 1952 à 1989. Ce sont tous des films produits pour la télévision française, au plus fort de cette période de migration, achevée pour l’essentiel en 1975. Ces films évoquent la douleur des ruptures et l’espoir, envisageable seulement dans la longue durée, d’un éternel retour. Mais vues de France, qui fut avec Israël et les Amériques, l’une des destinations privilégiées, le sens de ces migrations post-coloniales est implicitement compris comme un sens unique. Comme le beau roman d’Albert Memmi à qui elle emprunte son titre, cette partie témoigne du passage d’un monde ancien à un monde moderne où les identités sont susceptibles de se fondre ou de se perdre.
Cycle « Les relations juifs, chrétiens et musulmans du 13ème siècle à nos jours. Mythes et réalités. »