avec Henri PENA-RUIZ, philosophe, écrivain, docteur en philosophie, agrégé de l’Université.
On sait que les trois religions du livre s’appuient sur des textes dits sacrés. Mais la question de leur sens et de l’interprétation pratique des normes qui en découlent a donné lieu à deux attitudes opposées. D’une part, l’attitude littéraliste récuse toute mise à distance des textes et s’en tient à leur stricte littéralité, en les considérant souvent comme des énoncés dictés directement par Dieu et à ce titre applicables tels quels. D’autre part, l’attitude distanciée à l’égard de la lettre des textes fonde une herméneutique, terme issu du grec « herménéïa » qui veut dire interprétation. Une phrase peut ainsi recevoir deux ou trois sens différents selon l’étude que l’on en fait et les contextes. Il n’est pas forcément sacrilège de se mettre à distance. Trois exemples significatifs pris dans trois religions différentes illustrent une telle approche. Spinoza pour le judaïsme avec le Traité Théologico-politique. Pascal pour le christianisme dans les Lettres Provinciales. Averroès pour l’Islam avec le Traité Décisif. On proposera un éclairage différentiel de ces analyses en évoquant le statut des textes dans le Bouddhisme. Avec une question en toile de fond : le bouddhisme est-il une religion ou une philosophie, ou même les deux ? L’examen d’un tel dilemme suivra.
Cycle « Philosophie et religion.»